Auteurs : Thierry Picq et Jean-Marie Ardisson
Le monde moderne s’hybride, bien au-delà du simple mélange entre travail « distanciel » et « présentiel ».
L’hybridation semble avoir fait irruption dans nos vies personnelles comme professionnelles. Nos voitures, nos villes, nos bureaux, nos façons de travailler, nos parcours éducatifs, nos compétences s’affublent de ce qualificatif, qui traduit une véritable transformation de nos façons de nous déplacer, de nous développer, de travailler et de vivre. Le monde moderne s’hybride, alors que, comme le fait remarquer la docteure en philosophie Gabrielle Halpern dans « Tous centaures ! », l’hybride a été jusqu’ici le grand refoulé de l’histoire de la pensée occidentale, à la recherche de modèles purs et dominants, voire radicaux et parfois totalitaires, que ce soit dans l’éducation, la religion, la politique, l’organisation sociale…
Hybridation : de quoi parle-t-on ?
Gabrielle Halpern définit l’hybridation comme tout ce qui n’entre pas dans nos cases, ou plutôt comme le mariage improbable de deux ou plusieurs cases : « L’hybridation, ce n’est ni la fusion, ni la juxtaposition, ni l’assimilation ou l’annihilation de l’autre, mais la métamorphose de chacun. Elle n’est possible que si chacun accepte de sortir de son identité pour faire un pas vers l’autre. »
Ce concept n’est pas sans rappeler la notion de dialogie, chère à Edgar Morin et sa pensée complexe (« complexus » signifie « tisser ensemble »), qui consiste à prendre en compte simultanément deux pôles traditionnellement opposés. Selon Edgar Morin, il est possible de...
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